VALLOIRE (Savoie)
LA NEIGE
JE t'ATTENDS
Je t’attends !
L'automne est un deuxième ressort où chaque feuille est une fleur. Albert Camus.
Sur ce vieux banc, humide et froid
Dans un décor de fin d’automne
Les mains glacées
Le cœur en joie,
De t’avoir enfin rien qu’à moi,
Je t’attends !
L’espérance a rejoint mes rêves
En ce tout premier rendez-vous.
Le cœur gonflé d’amour pour toi,
Locataire de mon âme,
Cela fait si longtemps
Que je t’attends !
Ma bouche murmure une cantate,
Mes pieds tambourinent le sol
Sans pitié pour les feuilles mortes
Qui s’enluminent après la vie,
De tonalités sanguines,
Pourpres et or.
Je voudrais me réchauffer dans tes bras.
Surtout, ne m’oublie pas …
Je t’attends !
La nuit a jeté son voile ténébreux
Mon espoir s’abime au vent du doute.
Je resterai là, encore un peu…
La petite flamme du bonheur entrevu
Ne veut pas s’éteindre.
Je suis toujours au rendez-vous.
Je t’attends !
Soudaine apparition
Une silhouette familière s’avance vers moi,
Ombre chinoise devant le réverbère.
Mon âme fleurie,
Se gonfle et se défroisse
Tel un coquelicot qui s’ouvre à la vie.
Je redresse doucement mes membres engourdis,
Et sans pudeur, je crie :
C’est toi, mon amour ?
Je t’attendais !
LARMES
LARMES
Cachés tout au fond d’un tiroir
Des mots d’amour floutés de larmes
Attendent que fane le charme
Pour échapper au désespoir.
Goutte fébrile au bord d’un cil
Viendra glisser sur la joue rose
D’un enfant à l’humeur morose
Qui s’offre un chagrin puéril.
Larmes d’effroi, de compassion
Au regard des affres du monde.
Pour une âme sœur moribonde
Le cœur s’ébrèche d’émotion.
Rideau de pleurs en perles d’eau
Fluide caresse qui délivre
La brûlure intense de vivre
En allégeant son lourd fardeau.
Il est des regards embués
Ou nagent des reflets d’opale
Bonheur pudique qui s’étale
En arc en ciel inespéré.
ILS... A la plage.
Beaulieu sur Mer. La Baie des Fourmis. Aout 2018.
La mer qui respire au rythme de ses vagues
Cajole avec douceur la bordure du sable.
Mais… ILS sont déjà là, c’est la belle saison.
Chapeaux, lunettes sombres,
Jacasseurs badins et souriants
Affalés sous les parasols
Qui d’un œil, surveillent les enfants.
Et la mer soupire, enrobant tous ces corps
Libérés des carcans.
Le ciel d’azur insuffle le bonheur,
Le soleil ardent ripoline les peaux.
Sur des serviettes,
ILS jouent à pile ou face :
A tous les coups l’on gagne !
Poulets rôtis à point,
Label irréfutable d’un séjour de vacances.
A l’heure où la lumière accuse les reliefs du sable,
Les enfants fatigués se chamaillent.
ILS quittent enfin la plage
Avec lenteur, chacun s’éloigne
En laissant derrière lui
Des traces indélicates d’une bêtise crasse.
La mer se fait verte
Désabusée des hommes.
Un vieux bouquin souillé
Ouvert en éventail
Tourne et retourne ses pages
Au moindre souffle du vent.
Les mots, les belles phrases
Se délitent dans l’humidité sournoise
Et l’indifférence des gens.
Le soleil se couche sur un lit d’horizon.
Des amoureux s’enlacent,
Ombres chinoises
Face au ciel embrasé de tous feux.
Le sable se fait gris, en repos pour la nuit.
La mer ondule sous des reflets d’acier,
Et rugit de sa toute puissance.
ILS reviendront demain… C’est la belle saison.
Rameau : les Sauvages, forêts paisibles (les Indes galantes) par les Arts florissants
Nuit Blanche
NUIT BLANCHE
La tête sur mon polochon
Aussi raide qu’une momie.
Mon regard fixant le plafond
Je déplore cette avanie
Que dis-je, cette malfaçon
Qui provoque mon insomnie.
J’ai dû compter tous les moutons
De trois ou quatre bergeries :
Les tondus, et les avortons
Filant le train d’autres sosies
Se sont montés le bourrichon
Pour bêler en cacophonie.
J’ai secoué mon édredon
Et dispersé la compagnie :
Pour un départ en escadron.
Leur silence fut mélodie.
Mais le sommeil, ce faux- jeton
Se dérobe avec félonie.
A mon côté dort, sans façon,
Un homme offert aux rêveries.
J’approche ma main, à tâtons
Frôlant ce corps en léthargie,
Parti franchir le Rubicon,
Ignorant mes cajoleries.
Pour oublier cet abandon
Je respire avec frénésie.
Je voudrais chasser le démon
Malicieux, il me défie
D’ingurgiter un cacheton
Qui m’endormirait, par magie…
Dieu des rêves, je me morfonds
Rejoins-moi vite, je t’en prie.
Pour me chanter, au diapason
Des mots doux, tendre griserie.
Morphéüs ! Divin sauvageon
Enfin, je me suis assoupie !
Mais, prés de moi, un lumignon
Qui cache sa machinerie
Larguera bientôt tous les sons
Programmés pour sept heures et demie.
Hallali d’un sommeil profond.
J’en resterai tout étourdie !
Soirée douce
Les maisons sont comme les gens, elles ont leur âge, leurs fatigues, leurs folies. Ou plutôt non: ce sont les gens qui sont comme des maisons, avec leur cave, leur grenier, leurs murs et, parfois, de si claires fenêtres donnant sur de si beaux jardins. (Christian Bobin).
Sous la tonnelle, un soir d’été.
Empreint d’une langueur exquise.
Mon esprit divague et se grise
Aux douceurs de l’oisiveté.
Ma peau goûte à la volupté
Du souffle léger de la brise.
Sous la tonnelle, un soir d’été
Empreint d’une langueur exquise.
Sur le parasol enchanté
Le soleil couchant musardise.
Mon âme vole et se déguise
En un cerf-volant délesté
Sous la tonnelle, un soir d’été.